Pollution atmosphérique durant la grossesse et santé respiratoire de l’enfant dans la cohorte SEPAGES
Les mesures d’exposition personnelle aux particules atmosphériques des volontaires de la cohorte SEPAGES durant leur grossesse ont été mises en relation avec différents paramètres pulmonaires évalués lors d’examens cliniques chez le nourrisson et le jeune enfant.
Le potentiel oxydant des particules
Les particules en suspension dans l’air, aussi appelée PM pour particulate matter en anglais, sont généralement classifiées selon leurs tailles : PM10 ou PM2.5 pour des particules dont le diamètre est inférieur à respectivement 10 ou 2.5 microns. Actuellement, les organismes de surveillance de la qualité de l’air suivent leur concentration massique dans l’air, c’est à dire la masse de particules par unité de volume d’air. Cependant, les effets des particules sur la santé dépendant de leurs propriétés physico-chimiques, qui sont très variables, puisqu’elles peuvent notamment être influencées par les sources d’émission. A titre d’exemple, un microgramme de particules issues des embruns marins n’aura pas le même effet sur la santé qu’un microgramme de particules issues d’une source de combustion. L’indicateur du potentiel oxydant permet de prendre en compte les propriétés physico-chimiques des PM et de leurs effets sur la santé, puisqu’elle mime la voie oxydative par laquelle les particules, une fois inhalées, affectent de nombreux paramètres de santé. Ce paramètre est relativement récent. Dans la cohorte Sepages il a pu être mesuré grâce aux filtres issus du dosimètre individuel, le MicroPeM, porté par les volontaires de la cohorte durant la grossesse.
Mesures objectives de la fonction pulmonaire
A 6 semaines et à 3 ans, les enfants de la cohorte SEPAGES ont réalisé un examen clinique, durant lequel des mesures objectives de la fonction pulmonaire ont été réalisées. A 6 semaines, différentes mesures ont permis de calculer le volume d’air inspiré et expiré à chaque respiration (appelé volume courant), la fréquence respiratoire (nombre de respirations par minute) ou encore la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF), qui correspond au volume d’air restant dans les poumons après une expiration. A 3 ans, la technique des oscillation forcées a permis d’évaluer des propriétés mécaniques de poumons.
Principaux résultats de l’étude
Cette étude suggère des effets du potentiel oxydant des particules fines pendant la grossesse sur la croissance pulmonaire de l’enfant. En particulier, l‘exposition au potentiel oxydant des particules fines pendant la grossesse est associé à un plus faible volume pulmonaire à 6 semaines et une altération des propriétés mécaniques des poumons à trois ans.
Comment l’exposition de maternelle durant la grossesse peut-elle influencer la croissance pulmonaire ?
Plusieurs études ont mis en évidence que l’exposition prénatale aux polluants environnementaux affectait la croissance in-utero, notamment la croissance des organes. En outre, le stress oxydant (qui est un déséquilibre biologique) peut endommager les tissus placentaires, et par ce biais affecter la croissance pulmonaire in-utero.
Pour aller plus loin :
Anouk Marsal, Rémy Slama, Sarah Lyon-Caen, Lucille Joanna S. Borlaza, Jean-Luc Jaffrezo, Anne Boudier, Sophie Darfeuil, Rhabira Elazzouzi, Yoann Gioria, Johanna Lepeule, Ryan Chartier, Isabelle Pin, Joane Quentin, Sam Bayat, Gaëlle Uzu, and Valérie Siroux the SEPAGES cohort study group ; Prenatal Exposure to PM2.5 Oxidative Potential and Lung Function in Infants and Preschool- Age Children: A Prospective Study. Environ. Health Perspect., 2023 January.
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