Exposition aux phénols
Dosages de phénols pendant la grossesse et la première année de vie de l’enfant dans la cohorte SEPAGES
Les urines recueillies dans la cohorte SEPAGES ont permis de décrire l’exposition à douze phénols au cours de la grossesse et de la première année de vie de l’enfant. Certains des phénols dosés sont des perturbateurs endocriniens avérés (comme le bisphénol A) et tous sont au moins soupçonnés de l’être. L’exposition à ces substances, pendant la vie intra-utérine, peut affecter la santé du fœtus. Par exemple, certains de ces phénols sont susceptibles d’altérer le bon fonctionnement du système thyroïdien qui joue un rôle important dans le développement du fœtus.
Quels polluants ont été dosés pour cette étude ?
4 parabènes, 5 bisphénols (A, S, F, B, AF)) ainsi que la benzophénone-3, le triclosan et le triclocarban ont été dosés dans les urines des femmes enceintes (deuxième et troisième trimestre de grossesse) et des enfants (à deux et douze mois). Les sources d’exposition à ces polluants sont multiples et peuvent provenir de l’alimentation, de produits de soins et cosmétiques, ou encore de médicaments.
A quoi ont été exposés les volontaires Sepages ?
Malgré la réglementation visant à limiter l’utilisation de certains de ces phénols par les industriels, ces composés chimiques sont encore présents dans les urines des volontaires SEPAGES. Les parabènes, le triclosan et le bisphénol A ont été détectés dans plus de 80% des urines alors que l’utilisation des parabènes et du triclosan a été fortement restreinte par les autorités françaises et européennes en 2009 puis 2014 et que le bisphénol A a été interdit des emballages alimentaires, des biberons et ustensiles de cuisines en France en 2015. Par ailleurs, le bisphénol S, un composé émergeant utilisé par les industriels pour remplacer le bisphénol A, a été trouvé dans environ un quart des urines recueillies pendant la grossesse et à 2 mois, tandis qu’il était détecté dans 78% des échantillons recueillis à un an. Les autres bisphénols (AF, B, F) ont été très peu détectés (< 5%) quel que soit le moment du prélèvement.
Est-ce que les niveaux détectés dans l’étude Sepages sont différents des autres études ?
Les concentrations de phénols mesurées chez les volontaires SEPAGES pendant la grossesse étaient plus faibles que celles mesurées dans le cadre d’une étude précédente qui s’est déroulée à Nancy et Poitiers entre 2003 et 2006 (Etude EDEN). Ceci pourrait s’expliquer par la réglementation sur l’utilisation de certains phénols qui a évoluée entre les deux études, mais aussi par le fait que le niveau socio-économique des participants et les villes de recrutement étaient différents entre les deux études. Il n’a pas été possible de comparer les concentrations urinaires dosées dans les échantillons d’urine des enfants SEPAGES au niveau national car SEPAGES est la première étude française disposant de telles données.
Quels sont les facteurs influençant l’exposition aux phénols dans SEPAGES ?
Pour les bisphénols, la profession peut être un facteur de risque d’exposition. Des études précédentes ont en effet suggéré des niveaux urinaires de bisphenol A plus élevés chez les femmes exerçant un métier nécessitant de manipuler des tickets de caisse (hôtesse de caisse, pharmacienne...). Dans l’étude SEPAGES, ces femmes avaient des niveaux de bisphénol S, mais pas de bisphénol A, mesurés plus importants. Cela suggère une substitution du bisphénol A dans les tickets de caisse, par du bisphénol S. Par ailleurs, les concentrations urinaires de la plupart des composés dosés augmentaient avec l’âge des enfants. Ceci pourrait être lié à l’évolution des comportements entre 2 mois et 1 an (mise à la bouche d’objets…) et à la diversification.
Pour aller plus loin :
Matthieu Rolland, Sarah Lyon-Caen, Amrit K Sakhi, Isabelle Pin, Azemira Sabaredzovic, Cathrine Thomsen, Rémy Slama, Claire Philippat, SEPAGES study group – «Exposure to Phenols During Pregnancy and the First Year of Life in a New Type of Couple-Child Cohort Relying on Repeated Urine Biospecimens». Environ Int, 2020 June.
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