L’effets des phtalates sur les hormones stéroïdiennes chez la femme enceinte
C’est quoi les phtalates ?
Les phtalates sont des produits chimiques environnementaux. Certains sont classés comme perturbateurs endocriniens en raison de leur capacité à modifier le bon fonctionnement des hormones. Les phtalates sont couramment utilisés dans différents types de plastiques, notamment le chlorure de polyvinyle (PVC). Ils se trouvent dans de nombreux matériaux d'emballage alimentaire et également dans les cosmétiques.
C’est quoi les hormones stéroïdiennes ?
Les hormones sont des sortes de « messagers » dans le corps qui donnent des informations aux cellules pour leur indiquer ce qu’elles doivent faire et comment faire fonctionner tel ou tel organe. Dans l’étude nous nous sommes intéressées aux stéroïdiennes qui regroupent plusieurs types d’hormones (progestérone, testostérone, cortisol etc.). Par exemple, la testostérone est une hormone qui joue un rôle important dans la croissance des organes génitaux masculins ? ou encore la production de spermatozoïdes. Ainsi, un mauvais fonctionnement de ces hormones pourrait avoir un effet sur la croissance ou le développement de organes génitaux.
Comment a-t’on dosé les phtalates et les hormones stéroïdiennes dans l’étude Sepages ?
Les phtalates ont été dosées dans les échantillons d’urine collectés au cours de la grossesse (42 échantillons). Juste après l'accouchement, les mères ont fourni des échantillons de cheveux. Les hormones stéroïdiennes ont été mesurées dans les échantillons de cheveux (progestérone, testostérone, cortisol, cortisone et 11-déhydrocorticostérone). L’intérêt de réaliser ces dosages dans les cheveux est d’obtenir des informations sur les niveaux hormonaux des semaines précédentes. Dans des études antérieures les hormones ont été mesurées dans des échantillons de sang ou d'urine, et le problème est que ces échantillons fournissent uniquement des informations hormonales à court terme (ne représentant que les niveaux hormonaux des minutes/heures précédentes).
Résultats
Les résultats montrent :
- 1) une exposition maternelle plus élevée à certains phtalates (mono-benzyl phtalate (MBzP), le métabolite du benzyl-butyl phtalate (BBzP)), au troisième trimestre de la grossesse est associée à des niveaux plus élevés de toutes les hormones étudiées, y compris des hormones liées au stress telles que le cortisol ;
- 2) une exposition maternelle plus élevée au di-isononyl phtalate (DiNP) au deuxième trimestre de la grossesse est associée à des niveaux plus faibles de testostérone, mais uniquement chez les mères portant des fœtus masculins. Les résultats observés pourraient être causés par un effet anti-androgénique, c’est-à-dire quelque chose qui bloque ou diminue les effets des hormones masculines dans le corps.
Et la suite ?
Ces résultats doivent être validés par des études futures. Cependant cette étude soutient que l'exposition pendant la grossesse à certains phtalates peut avoir des effets indésirables sur le fonctionnement des hormones stéroïdiennes, qui jouent un rôle central dans le développement du fœtus. L’altérations de ces hormones pourraient expliquer des associations rapportées dans des étude antérieure à Sepages, telles qu'un risque accru de naissances prématurées chez les mères exposées à des concentrations plus élevées de MBzP pendant la grossesse.
Pour aller plus loin : Vicente Mustieles, Aurélien Lascouts, Oscar J Pozo, Noemí Haro, Sarah Lyon-Caen, Paulina Jedynak, Sam Bayat, Cathrine Thomsen, Amrit K Sakhi, Azemira Sabaredzovic, Rémy Slama, Isabelle Ouellet-Morin, Claire Philippat. “Longitudinal Associations between Prenatal Exposure to Phthalates and Steroid Hormones in Maternal Hair Samples from the SEPAGES Cohort”. Environ Sci Technol. December 2023
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